La propriété privée… Ce concept si sacré qu’il justifie tout. Guerres, divorces, publicités insipides, et même des disputes sur le dernier paquet de chips bio à l’épicerie du coin. Il faut dire que dans notre ère capitaliste, posséder est devenu un art de vivre. À tel point que la possession a pris des airs de religion, avec ses dogmes, ses fanatiques, et ses miracles économiques qui finissent toujours par profiter aux mêmes. Mais pause. Pourquoi ce besoin viscéral de posséder ? Décortiquons cette obsession irrationnelle.
On commence par le b.a.-ba, c’est-à-dire les biens matériels. La grande course à l’acquisition démarre dès qu’on est en âge de comprendre qu’un jouet est plus sympa entre nos mains que celles de l’autre morveux. Bien sûr, la société des adultes complexifie un peu la chose. Désormais, posséder, c’est avoir un iPhone dernier cri (un vieux modèle, c’est comme une Fiat Panda des années 1990. La honte). On accumule pour se distinguer, pour se sentir supérieur, pour prouver que notre existence a un sens, même si ce sens se résume parfois à une pile de gadgets inutilisés.
Pourquoi tout ça ? Parce que le capitalisme, cet architecte de génie, a tout compris. Posséder est la carotte parfaite. Les gens courent après des biens, paient des crédits, remplissent leurs garages, et restent trop fatigués pour se révolter. Les philosophes de comptoir appellent ça le « dopage matériel ». C’est malin.
Vient ensuite le statut social, cette chimère qui n’est que le reflet de notre vanité. La douce satisfaction de dire « je suis cadre supérieur » ou « influenceur de lifestyle ». Parce que soyons honnêtes, le statut social, c’est un peu comme un costume de carnaval. Impressionnant de loin, ridicule quand on gratte un peu. On passe des années à grimper des échelons en croyant que la reconnaissance nous apportera bonheur et sens. Mais la vérité ? On finit souvent par échanger notre âme contre des promotions ou des likes, à genoux devant un système qui nous gave de promesses en toc.
Et puis, tout le monde sait qu’une fois que tu es au sommet, tu deviens obsédé par… conserver ta place. Posséder un statut, c’est comme être le roi d’un château de sable. On sait que ça va s’écrouler, mais on continue à poser des drapeaux.
Le corps de l’autre, le grand malentendu
L’amour, ce jeu où la possession est le plat principal. On parle de « conquérir » des cœurs, de « gagner » l’amour, comme si les êtres humains étaient des lots de tombola. Le mariage ? Sans parler de sacrement, ce contrat social vieux comme le monde qui consacre la propriété du corps de l’autre. Une idée tellement romantique qu’elle déclenche des batailles d’avocats au moment des divorces. Mais franchement, peut-on posséder un autre être humain ? L’histoire de l’humanité nous a montré que non.
Et pourtant, combien s’accrochent à ce mirage ? La jalousie, ce mal sournois, naît de cette envie pathologique de garder l’autre pour soi, comme un vieux disque de collection. Parce qu’au fond, posséder l’autre, c’est être obsédé par l’idée qu’il puisse nous échapper. C’est ironique, n’est-ce pas ? L’amour, censé être la plus libre des expériences humaines, est devenu un camp de détention.
Les idées : dernier bastion de la liberté (ou presque)
Il y a aussi la possession des idées. Ici, c’est la jungle. Les idées, ces créations de l’esprit, se partagent, se volent, se brevètent, et se transforment en slogans politiques. Les grands penseurs seraient horrifiés de voir comment leurs idéaux, jadis purs, sont détournés par des publicitaires ou des politiciens corrompus. Une idée peut renverser un tyran, mais elle peut aussi justifier un régime totalitaire. Tout dépend de qui tient le mégaphone.
Mais ne nous leurrons pas. Même les idées finissent dans les griffes des vautours du pouvoir. Il n’y a qu’à voir comment le capitalisme s’est approprié l’idée de la liberté pour la transformer en hymne à la surconsommation. Liberté de posséder, voilà le nouveau mantra. C’est tellement absurde que ça en deviendrait presque comique, si ce n’était pas tragique.
Le corps, notre seul bien réel ?
Finalement, que nous reste-t-il ? Peut-être notre propre corps. Et encore, jusqu’à un certain point. On passe des vies à en prendre soin, à le muscler, à l’embellir, comme si c’était un trophée vivant. Mais dans ce monde de culte de l’apparence, même notre corps finit par être une marchandise. On se vend sur Instagram, on se valorise dans des salles de sport, on s’étale dans des magazines.
Et si, en vérité, la seule chose qu’on possède vraiment, c’est l’honneur de dire « non » ? Non à la manipulation, non à cette illusion de la propriété. Parce que derrière ce grand cirque, une réalité crue nous guette. Rien, oui rien ne nous appartient. On finira tous dans le même trou, que l’on soit roi ou mendiant.