Adaptation du livre «Elvis et moi» de Priscilla Presley, publié en 1985, «Priscilla» de Sofia Coppola revient sur la relation entre celle qui était âgée de 14 ans au moment de leur rencontre en 1959, et Elvis Presley, star déjà incontournable à l’époque, jusqu’à leur séparation en 1972.
Écrit et réalisé par Sofia Coppola, adapté du livre «Elvis et moi» publié en 1985, «Priscilla» présente la relation de Priscilla Beaulieu avec Elvis Presley du point de vue de la jeune femme qui, au moment de leur rencontre en 1959 sur une base militaire en Allemagne, est une collégienne de 14 ans. Lui, qui est déjà au sommet de sa gloire, y effectue son service militaire. Il est alors âgé de 24 ans.
La réalisatrice ne triche jamais avec le fait de raconter cette histoire exclusivement à travers le regard de celle qui va passer du statut de simple groupie au rôle de confidente du King. Avant d’entamer une relation amoureuse avec celui qu’elle épousera en mai 1967. Et qui lui donnera un enfant un an plus tard. Avec «Priscilla», Sofia Coppola braque sa caméra sur le parcours d’une adolescente qui va devenir une femme dans un contexte totalement hors norme.
«En lisant l’histoire de Priscilla pour la première fois, j’ai été frappée de voir à quel point on pouvait s’identifier à elle, bien qu’elle évolue dans un environnement peu commun. Je ne suis rendue compte que nous la voyons comme une présence inattendue au côté d’Elvis (…). Elle était considérée par les tabloïds comme ‘la femme-enfant d’Elvis’, mais j’avais le sentiment qu’il y avait une histoire bien plus intéressante à raconter : le rêve d’une gamine qui devient une réalité qui n’est pas ce qu’elle imaginait ; le fait de devenir adulte en expérimentant à la fois une immense célébrité et une profonde solitude», souligne la réalisatrice.
L’image d’Elvis largement préservée
Avant les premières projections du film, notamment à la Mostra de Venise où il a été ovationné en septembre dernier, Lisa Mary Presley – décédée tragiquement d’un arrêt cardiaque en janvier 2023 – avait exprimé sa colère et sa déception vis-à-vis d’un film dont elle trouvait le scénario «incroyablement vengeur et méprisant». Elle redoutait ainsi que «Priscilla» ne porte atteinte à l’image de son père en raison de la manière dont il est dépeint à certains moments précis.
Sofia Coppola lui avait répondu, assurant avoir tenté de présenter Elvis «avec sensibilité et complexité». Et c’est effectivement le sentiment qui domine devant le film. Pour peu que l’on fasse un minimum d’effort de contextualisation sur la manière dont les femmes étaient considérées à l’époque, et le rôle qui leur était majoritairement réservé dans la société américaine (principalement celui de femme au foyer), il est alors aisé de comprendre que la réalisatrice n’exprime là aucun jugement définitif contre sa personne.
Le film donne également à voir quelques scènes de sautes d’humeur du musicien – parfois impressionnantes – envers sa compagne, dévoilant certaines failles dans le caractère d’Elvis qui ont été largement documentées par le passé. Et qui s’expliquent notamment par la consommation déraisonnable – mais tout à fait légale à l’époque – d’amphétamines qu’il gobait à plein tube pour tenir le rythme effréné de ses engagements professionnels, aussi bien musicaux que pour le cinéma.
Attendu en salle le 3 janvier prochain, «Priscilla» réussi à captiver son audience avec ce récit passionnant d’une jeune fille tombée amoureuse d’un monument de la culture américaine, qui va découvrir cet homme dans toute son humanité et sa complexité, avec sa part d’ombre mais aussi à travers l’amour sincère qu’il éprouvait pour elle. On y suit sa métamorphose en tant que femme capable, malgré la douleur éprouvée au moment de la décision, de revendiquer son indépendance. Et de voler de ses propres ailes. Mention spéciale, enfin, à Cailee Spaeny – qui est absolument incroyable – et Jacob Elordi, époustouflants dans les rôles principaux.