Alors qu’il dirigera la COP28, la conférence internationale sur le changement climatique à partir du 30 novembre prochain, le Sultan al-Jaber est un homme d’affaires aussi à la tête de l’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC) et ministre de l’Industrie et de la Technologie innovante des Emirats arabes unis. Portrait.
J’ai passé la majorité de ma carrière dans le développement durable, la gestion de projets et les énergies renouvelables», a déclaré le Sultan al-Jaber lors d’un rare entretien. Du 30 novembre au 12 décembre prochains, il présidera la nouvelle édition de la COP28 à Dubaï. Avant sa nomination, l’homme d’affaires était connu pour avoir cumulé les casquettes.
PDG de l’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), émissaire de l’ONU pour le climat, il est également ministre de l’Industrie et des Technologies avancées des Émirats arabes unis. Un profil paradoxal qui a fortement déplu aux ONG et à certains parlementaires lors de l’annonce de sa nomination à la présidence de la conférence internationale pour le climat. «Al-Jaber a clairement indiqué que l’industrie pétrogazière aurait une place de choix à la COP», a indiqué le sénateur américain démocrate Sheldon Whitehouse.
Dans un article publié en mai dernier, The Guardian a révélé que le Sultan usait de «greenwashing» sur sa fiche Wikipedia. En effet, un anonyme aurait suggéré la suppression d’une référence au Financial Times au sujet des activités contradictoires d’Ahmed al-Jaber au profit d’une déclaration sur l’utilisation des bénéfices de son entreprise dans «les technologies de captage du carbone et les carburants verts». Ce dernier a ensuite admis avoir été payé par l’ADNOC, selon le quotidien anglais.
«Un homme qui connaît très bien ses dossiers»
Ainsi, c’est l’aspect porté sur ses préoccupations écologiques qui ont été privilégiées dans sa nomination à la tête de la COP28. En 2006, le Sultan al-Jaber fonde Masdar, une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables qui investit dans des projets d’infrastructures de plusieurs pays.
Grâce à une campagne de communication bien rôdée et une équipe d’experts, son image au départ ternie a su convaincre certains septiques. C’est un «homme qui travaille, qui connaît très bien ses dossiers», a déclaré Laurent Fabius, président de la COP21. «Il écoute toutes les parties, il écoute également la société civile, et le volet nouveau, c’est la place des jeunes dans le processus de décision», a ajouté Madeleine Diouf Sarr, chef de la division climat et protection côtière au Sénégal.
Diplômé d’une licence de chimie en Californie et d’un MBA à Los Angeles, puis d’un doctorat obtenu en Angleterre. Président du conseil d’administration des ports d’Abu Dhabi, de 2009 à 2019 ou encore président du Conseil national des médias des Emirats arabes unis de 2016 à 2020, ses études lui ont permis d’occuper une succession de postes à responsabilités. «Toute ma vie s’organise autour d’indicateurs clés de performance, c’est comme cela que je gère des entreprises», a-t-il déclaré.