Depuis deux mois, une vague de colère paysanne déferle sur le continent européen, mettant en lumière les tensions autour des règles environnementales de la Politique agricole commune (PAC).
Les propositions de la Commission européenne, dévoilées mi-mars, visent à assouplir voire supprimer certains critères environnementaux stricts imposés aux exploitations agricoles par la nouvelle PAC (2023-2027), entrée en vigueur l’an dernier. Ces révisions doivent être négociées et approuvées formellement par les États membres et les eurodéputés d’ici fin avril, avant la trêve précédant les élections européennes de juin.
Lors du sommet des dirigeants des Vingt-Sept, la semaine dernière, l’urgence de trouver des solutions pour réduire la charge administrative pesant sur les paysans a été soulignée. Cette question décisive a été abordée dans les conclusions du sommet, mettant en évidence la nécessité d’harmoniser les objectifs de l’agriculture avec ceux du Pacte vert européen.
Les mesures proposées par la Commission européenne seront débattues lors de la réunion des ministres de l’Agriculture, tandis qu’une commission spéciale agricole se positionnera formellement en parallèle. Malgré l’existence d’une majorité qualifiée parmi les États en faveur des propositions, la pression persiste, avec des manifestations et des défilés de tracteurs à Bruxelles préparés par des organisations agricoles mécontentes des réponses proposées.
Ces organisations critiquent notamment l’insuffisance des propositions pour répondre aux revendications sur les revenus des agriculteurs et dénoncent les pratiques déloyales de l’industrie agro-alimentaire. Elles réclament également la fin des accords de libre-échange, qu’elles estiment préjudiciables au secteur agricole européen.
Les modifications proposées comprennent la suppression de l’obligation de laisser au moins 4% des terres arables en jachères ou surfaces non-productives, ainsi que des ajustements concernant d’autres critères environnementaux, comme l’obligation de rotation des cultures. Ces propositions suscitent des réactions mitigées, avec des organisations agricoles saluant un pas dans la bonne direction, tandis que des ONG environnementales appellent à retirer la proposition législative, craignant un retour en arrière préjudiciable à long terme pour les écosystèmes.
Alors que les débats font rage autour de la révision de la PAC, d’autres questions, telles que l’accord récent pour reconduire l’exemption de droits de douane à l’Ukraine, attendent d’être examinées au niveau des ministres du Commerce européens.
Les décisions prises dans les prochaines semaines auront un impact significatif sur l’avenir de l’agriculture européenne et sur sa contribution aux objectifs de durabilité et de protection de l’environnement.