L’ancien ministre de François Mitterrand s’est éteint à l’âge de 101 ans. Roland Dumas, éminent avocat devenu ministre et président du Conseil constitutionnel entre 1995 et 2000, laisse derrière lui une empreinte indélébile sur la scène politique française. Sa mort, annoncée par Le Figaro et confirmée par Le Monde, survient en pleine campagne des élections législatives.
Proche collaborateur de François Mitterrand, Roland Dumas a joué un rôle central dans de nombreux événements de la politique française. Nommé ministre délégué aux Affaires européennes en 1983, il devint rapidement une figure incontournable, cumulant les responsabilités de porte-parole du gouvernement et de ministre des Relations extérieures. Son expertise sur les affaires internationales lui a permis ensuite de présider la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale avant de reprendre son poste au quai d’Orsay.
Cependant, c’est son rôle de président du Conseil constitutionnel qui a marqué véritablement la fin de sa carrière politique. Pendant cinq ans, de 1995 à 2000, Roland Dumas a incarné l’autorité suprême du droit constitutionnel en France, avant de retourner à sa première passion : le barreau.
Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a rendu hommage à cet « homme politique d’envergure » et « grand avocat », soulignant sa contribution significative à l’histoire de la Ve République. Comme avocat, Roland Dumas a défendu des causes emblématiques, telles que celle du résistant communiste Georges Guingouin aux côtés de Robert Badinter, et celle du journal satirique Le Canard enchaîné pendant plus d’une décennie.
Roland Dumas fut également impliqué dans des affaires judiciaires marquantes, comme l’affaire des « fuites », où il assista l’avocat Paul Baudet pour obtenir l’acquittement de Jean Mons. Ces succès en justice renforcèrent sa réputation avant son entrée en politique, laquelle écourta temporairement sa carrière d’avocat.
Sa vie publique ne fut pas exempte de controverses. Son implication dans l’affaire Elf entacha sa réputation et précipita sa démission du Conseil constitutionnel en 2000. Bien que relaxé définitivement en 2003, la fin de vie de Roland Dumas fut également marquée par ses prises de position controversées, notamment ses doutes exprimés en 2010 sur les attentats du 11 septembre 2001 et ses associations avec des figures controversées telles qu’Alain Soral et Dieudonné.
La disparition de Roland Dumas marque la fin d’une époque pour la politique française. Sa carrière, oscillant entre succès et scandales, laisse un héritage complexe mais indéniablement influent. La France perd un acteur clé de sa vie politique et juridique, un homme dont les actions et les décisions ont façonné plusieurs décennies de l’histoire de la Ve République.