Le long métrage a engrangé plus de 180 millions de dollars de recettes cet été aux Etats-Unis, porté par une polémique sur son prétendu message conspirationniste.
Le film fera-t-il autant de bruit en France ? Sorti aux États-Unis le 4 juillet, Sound of Freedom va être projeté en France à partir du 15 novembre. Ce thriller indépendant, inspiré d’une histoire vraie, relate les péripéties d’un ancien agent fédéral américain qui tente de libérer des centaines d’enfants victimes de trafiquants sexuels. Le film a rencontré un succès inattendu aux États-Unis, a coiffé au poteau les blockbusters Indiana Jones ou Mission Impossible, en récoltant près de 190 millions de dollars de recette pour un budget de production minime de 12 millions.
Le long métrage a notamment été porté par un grand charivari aux États-Unis. Le film a d’abord été salué par la droite conservatrice qui s’est emparée, ces dernières années, du sujet de la lutte contre les réseaux de pédocriminalité. Donald Trump a même organisé une projection du film en juillet dans son club de golf du New Jersey.
Sound of Freedom a aussi été salué par les adeptes de théories du complot, la mouvance QAnon en tête, qui y voient un relais de leurs théories sur des réseaux pédophiles organisés dans les hautes sphères de l’establishment américain. Le long-métrage a, en outre, bénéficié de la promotion de son acteur principal, Jim Caviezel, connu pour promouvoir l’idée que les élites mondiales ont monté des trafics d’organes d’enfants pour se nourrir de leur sang afin de ralentir leur vieillissement. Dans un podcast publié cet été, le Jésus de La Passion du Christ signé Mel Gibson expliquait qu’il en était ainsi «depuis toujours, depuis les pharaons et Hérode». Tim Ballard, l’homme qui a inspiré l’intrigue du film, a, lui soutenu qu’une chaîne d’ameublement dissimulait un réseau de trafic des enfants.
Guerre culturelle
La presse américaine, qui a parfois reconnu les qualités du thriller, a souvent fustigé les accents jugés complotistes du film, qui ont fait son succès dans les sphères conspirationnistes. Au point que les producteurs ont nié toute connexion avec le mouvement QAnon et pris leur distance avec les déclarations de Jim Cazaviel. Même embarras chez le réalisateur mexicain Alejandro Monteverde; «Tous ceux qui ont vu Sound of Freedom savent que le film en lui-même n’est pas du tout politique, a-t-il expliqué dans une tribune cosignée par le scénariste Rod Barr. La traite des enfants n’est pas une question de droite ou de gauche. Il s’agit d’une question fondamentale de droits de l’homme, qui nous touche au plus profond de nous-mêmes en tant qu’êtres humains.»
L’intrigue, à première vue classique et à la morale consensuelle, n’a donc pas fait l’unanimité dans un pays où les guerres culturelles se multiplient. Néanmoins, un sondage paru en juillet pour le média Newsweek révèle que le film a reçu un accueil favorable chez les électeurs républicains (65%), et presque autant que chez les électeurs démocrates (59%).
Distribué aux États-Unis par Angel Studio qui a produit entre autres The Chosen, une série sur la vie du Christ, le film va être diffusé en France par la société française Saje, spécialisée dans les films d’inspiration chrétienne. «Nous avons hâte […] de pouvoir présenter au public ce film nécessaire qui aborde un sujet si grave», a fait savoir dans un communiqué la société pour justifier son choix ajoutant avoir été «sidéré de découvrir la polémique qui a entouré la sortie du film aux États-Unis en juillet dernier, tant l’écart avec le contenu du film était grand». «Le film a vraisemblablement pâti des antagonismes politiques outre Atlantique».