L’ancien directeur des opérations marines d’OceanGate, l’entreprise dont le sous-marin a disparu près du Titanic, s’était inquiété pour la sécurité des passagers avant d’être licencié.
L’alerte avait été donnée. L’ancien directeur des opérations marines de l’entreprise américaine OceanGate, dont le submersible a disparu près du Titanic, s’était inquiété pour la sécurité des passagers avant d’être licencié, selon des documents judiciaires de 2018.
David Lochridge, pilote de sous-marin et plongeur écossais, a commencé à travailler pour OceanGate en 2015 en tant que prestataire indépendant, avant d’être promu directeur des opérations marines, d’après des documents judiciaires. Dans une plainte, il affirme avoir été licencié en janvier 2018 après avoir «soulevé des problèmes de sécurité importants concernant la conception expérimentale et non testée du Titan», le nom du submersible.
David Lochridge avait engagé des poursuites contre OceanGate en réponse à un procès intenté par l’entreprise, qui lui reprochait d’avoir divulgué des informations confidentielles.
Le hublot non-conforme ?
L’ancien responsable a assuré avoir exprimé verbalement ses «inquiétudes quant à la sécurité et au contrôle qualité» du Titan à la direction de la compagnie, selon les documents judiciaires. «Ces communications verbales avaient été ignorées.»
David Lochridge a notamment été alarmé par «le refus d’OceanGate de procéder à des essais cruciaux et non-destructifs» concernant la coque du submersible. Les passagers du Titan peuvent être exposés à des dangers si l’appareil s’aventure jusqu’à des profondeurs extrêmes, aurait-il mis en garde.
Un hublot, situé à l’avant du submersible, a été conçu pour résister à la pression ressentie à 1.300 m de profondeur, alors qu’OceanGate comptait le faire plonger jusqu’à 4.000 m, avance David Lochridge. L’entreprise «a refusé de payer le fabricant pour qu’il construise un hublot conforme à la profondeur requise de 4.000 m», selon lui.
« Inquiétude unanime » des experts
L’ancien responsable affirme avoir «fortement encouragé» son employeur à faire inspecter et certifier le Titan par une entreprise spécialisée. Mais au lieu de «répondre à ses inquiétudes», OceanGate a «immédiatement licencié» David Lochridge, selon sa plainte.
Un accord a finalement été conclu entre l’entreprise et son ancien salarié en novembre 2018, selon Insider et New Republic, qui ont révélé l’existence de ces poursuites. Les membres du groupe Marine Technology Society, qui rassemble des spécialistes des technologies marines, avaient eux aussi fait part de leur «inquiétude unanime» à propos du Titan, dans une lettre envoyée en mars 2018 à Stockton Rush, patron d’OceanGate et membre de l’équipage disparu.
Ils disaient craindre que «l’approche expérimentale» d’OceanGate n’ait «des conséquences négatives (allant de mineures à catastrophiques) qui auraient de graves répercussions sur tous les acteurs du secteur».