Un ingénieur et expert en sous-marin a assuré, dans un entretien accordé au journal espagnol NIUS le 5 juillet, que les passagers du Titan ont compris que leur plongée tournait mal «entre 48 secondes et 1mn11» avant l’implosion.
Une analyse technique qui permet de mieux comprendre le déroulement de cette journée tragique. Mercredi 5 juillet, José Luis Martin, ingénieur et expert en sous-marin, a affirmé lors d’une interview pour le journal numérique espagnol NIUS que les passagers du Titan ont compris que leur plongée tournait mal le 18 juin dernier environ une minute avant l’implosion de l’engin.
Le spécialiste a réussi à calculer le temps exact de la chute libre avant l’implosion en se basant sur le poids du submersible, la poussée, la masse, l’accélération, la vitesse de chute d’un corps libre et le coefficient de frottement exercé par l’eau sur un corps en chute. Il a donné un laps de temps compris «entre 48 et 71 secondes pendant lesquelles ils ont chuté de manière incontrôlée jusqu’au moment de l’implosion».
«Ce moment a dû être très dur pour tout le monde parce qu’ils tombaient sans contrôle et qu’ils étaient conscients que leur fin était proche. C’était certainement le pire, parce qu’après cela, tout s’est passé très vite. C’était une contraction instantanée. L’implosion ressemblait à l’éclatement d’un ballon. La mort a été immédiate», a analysé l’ingénieur pour le journal espagnol.
Un « problème électrique » serait à l’origine de la chute libre
La descente, entamée sans problème à 8h le 18 juin dernier, a connu par la suite un incident technique qui a coûté la vie aux 5 occupants de l’engin. D’après l’expert, le submersible aurait rencontré un «problème électrique» laissant l’engin «sans propulsion» à «1700 mètres de profondeur». Le Titan aurait ensuite fait une chute verticale, «comme s’il s’agissait d’une pierre et sans aucun contrôle», sur près de 900 mètres.
«À 9 h 45, il y a eu une panne électrique qui a privé le submersible de propulsion. Et avec l’absence de propulsion, le poids des passagers et du pilote (environ 400 kilos), qui étaient concentrés dans la partie avant près du « hublot », a déséquilibré la stabilité longitudinale», a assuré José Luis Martín.
Ce dernier a conclu que le Titan avait finalement implosé à une profondeur comprise entre 2.500 et 2.700 mètres. Le graphique illustrant cette théorie de l’expert a permis de retracer avec précision le déroulé de cette journée tragique. A titre de comparaison, l’épave du Titanic se trouve à 3.800 mètres au fond de l’océan Atlantique.
Une perte de 70 à 80 % du volume du Titan
Dans sa chute libre, le submersible a été soumis à une nette augmentation de la pression de l’eau sur son habitacle. «En tombant dans les profondeurs de l’océan, la coque résistante a été soumise à une augmentation soudaine de la pression (qui n’était pas proportionnelle à la profondeur à un moment donné) et il y a eu une forte compression du conteneur où se trouvaient les touristes et le pilote», a poursuivi José Luis Martin.
«À l’intérieur du Titan, il y a eu une contraction instantanée de la coque résistante, ce qui a entraîné une perte de volume d’environ 70 à 80 %. Dans ces conditions et à ces profondeurs, la contraction soudaine de la coque a entraîné une diminution de la « poussée », de sorte que le Titan, dans sa chute continue, est devenu de plus en plus lourd», a analysé l’expert.
Chargés de l’enquête sur cette tragédie, les garde-côtes américains et le Bureau de la sécurité des transports du Canada ont retrouvé des restes humains dans le submersible. Ils ont également pu récupérer les messages cryptés échangés entre le submersible et le Polar Price, ainsi que les informations fournies par les familles des victimes et le personnel d’OceanGate.