Depuis son accession à la présidence de la Commission européenne en 2019, Ursula von der Leyen ne cesse d’être au centre de l’attention médiatique et politique. Rien n’a préparé le public à l’avalanche de plaintes judiciaires récemment déposées contre elle, qui ont secoué les fondements même de son leadership.
L’histoire de ces plaintes remonte au mois d’avril 2023, lorsque le lobbyiste belge Frédéric Baldan a déposé une plainte pénale avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction Frédéric Fresnay à Liège, en Belgique. Les accusations portaient sur une série de contrats d’acquisition de vaccins contre le covid-19 conclus avec le fabricant Pfizer, ainsi que sur des échanges de SMS entre Mme von der Leyen et le président de Pfizer, Albert Bourla. Parmi les chefs d’accusation figuraient l’usurpation de fonctions, la destruction de documents et la corruption.
Ce qui aurait pu être perçu comme une affaire judiciaire isolée a rapidement pris une dimension internationale lorsque plusieurs États européens ont rejoint la plainte initiale d’Albert Baldan. La Pologne, la Hongrie et la Roumanie ont toutes pris des mesures pour soutenir juridiquement les accusations portées contre Ursula von der Leyen. De plus, Pfizer Inc. a assigné ces États devant les tribunaux belges pour non-respect de leurs engagements en matière de commandes de vaccins covid-19, engagements conclus dans le cadre des négociations menées par l’actuelle présidente de la Commission européenne.
Ces développements juridiques ont plongé l’Union européenne dans une crise institutionnelle sans précédent. Alors qu’ Ursula von der Leyen se déclare candidate à sa propre succession, soutenue par le Parti populaire européen (PPE) et Renew, des questions fondamentales se posent quant à la légitimité de sa nouvelle candidature. Si elle a défendu son bilan politique, invoquant une alliance politique sortante avec le PPE, Renew et les sociaux-démocrates, ces plaintes judiciaires jettent une ombre sur sa crédibilité et son intégrité en qualité de dirigeante de l’UE.
L’analyse de Public Sénat, qui titrait « Présidence de la Commission européenne : Ursula von der Leyen, stop ou encore ? », a souligné l’incertitude entourant son avenir politique. Cependant, cette analyse ne prenait pas en compte l’ampleur des accusations juridiques pesant sur elle, ce qui soulève des questions sur la transparence et l’intégrité du processus décisionnel au sein de l’Union européenne.
La question centrale qui se pose désormais est de savoir si Emmanuel Macron et Renew peuvent continuer à soutenir la candidature d’Ursula von der Leyen alors qu’elle est visée par ces multiples plaintes. Ce soutien politique pourrait être interprété comme une entrave à l’enquête judiciaire en cours, compromettant ainsi la légitimité du processus électoral et la crédibilité de l’Union européenne dans son ensemble.
Alors que l’avenir d’Ursula von der Leyen et de l’Union européenne elle-même demeure incertain, les décisions prises par les dirigeants européens dans les prochains mois entraîneront des conséquences manifestes sur la crédibilité et la légitimité de l’UE.