Lundi s’est ouvert devant la cour criminelle départementale de Paris le procès de sept hommes nigérians accusés de traite des êtres humains et de proxénétisme en bande organisée. Ce procès met en lumière les activités des « cults », des gangs criminels nigérians opérant en Europe de l’Ouest.
Les « cults », des organisations criminelles nigérianes telles que la confrérie « Maphite », sont implantées en France depuis plusieurs années. Ces groupes, initialement nés dans les universités nigérianes dans les années 1970, se sont transformés en puissantes mafias opérant principalement dans la traite des êtres humains et le trafic de stupéfiants.
Les sept hommes jugés appartiendraient à la confrérie « Maphite », dont le chef international, Don Cesar, a été incarcéré en 2020 en Italie. À Paris, ils auraient créé une succursale nommée « Famille Tour Eiffel » pour organiser un réseau de prostitution de femmes nigérianes. Les enquêteurs estiment que chaque membre gérait plusieurs jeunes femmes forcées à se prostituer, principalement dans les quartiers du Bois de Vincennes et de Château Rouge.
Les faits de proxénétisme remontent entre janvier 2019 et juin 2021. Les victimes décrivent des conditions de vie effroyables, marquées par des violences physiques et psychologiques. L’une d’elles affirme avoir dû remettre entre 11 000 et 12 000 euros à son proxénète sur une période d’un an. D’autres témoignages font état de violences systématiques, notamment en cas de revenus insuffisants, et de multiples avortements forcés pratiqués dans des conditions brutales.
Les victimes étaient soumises à un contrôle psychologique intense par le biais du « juju », un pacte spirituel leur interdisant de désobéir ou de dénoncer leurs trafiquants sous peine de malédiction. Ce rituel, supervisé par un « Native doctor », incluait des sacrifices d’animaux et des pratiques violentes, renforçant l’emprise des proxénètes sur leurs victimes.
La traite des êtres humains et le proxénétisme sont des enjeux majeurs pour les autorités européennes. En France, 40 % des victimes de traite d’êtres humains en 2021 étaient originaires du Nigeria, ce chiffre atteignant 63 % pour l’exploitation sexuelle. La France intensifie ses efforts pour démanteler ces réseaux criminels, à l’image de l’Italie qui considère désormais les « cults » comme des organisations mafieuses.
Ce procès fait suite à plusieurs condamnations similaires en France. En 2018, 15 personnes ont été condamnées pour proxénétisme aggravé et traite des êtres humains. En 2020, un proxénète a écopé de 18 ans de prison pour des faits analogues. À Marseille, 15 membres du gang Arrow Baga ont été condamnés en décembre 2023 à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison.
Les accusés rejettent majoritairement les accusations portées contre eux. Bien que certains aient admis être au courant des activités de prostitution, ils contestent leur appartenance à la confrérie « Maphite », la décrivant comme une simple association étudiante. Les perquisitions ont pourtant révélé des éléments incriminants, dont des vêtements paramilitaires verts typiques des Maphite.