Cette mesure fera partie du « nouveau plan national de lutte contre le tabagisme », a annoncé Elisabeth Borne. Une décision réclamée depuis des mois par les associations de prévention du tabagisme.
Les « puffs » vont bientôt disparaître. Elisabeth Borne a annoncé, dimanche 3 septembre, vouloir interdire ces cigarettes électroniques jetables. Le gouvernement « présentera prochainement un nouveau plan national de lutte contre le tabagisme » qui inclura cette mesure, a précisé la Première ministre au micro de RTL.
Qu’est-ce qu’une « puff » ?
Vendu sur internet, chez les buralistes, dans les supermarchés, mais aussi dans certains bars et restaurants, les « puffs » sont des cigarettes électroniques jetables aux arômes variés, souvent sucrés. Parfums fraise, barbe à papa, ou encore cookies, elles ont la particularité de contenir un nombre défini de « puffs », c’est-à-dire de bouffées.
Apparues sur le marché français en septembre 2021, elles sont rapidement devenues populaires auprès des adolescents et préadolescents. Aujourd’hui, la banalisation de leur consommation par les mineurs inquiète les pouvoirs publics et les autorités sanitaires.
Contrairement aux cigarettes électroniques classiques, elles sont donc à usage unique, mais aussi directement prêtes à l’emploi. Devenues omniprésentes, leur prix varie entre cinq et 17 euros, selon un rapport du Comité national contre le tabagisme portant sur la période 2020-2022. « Elles délivrent entre 600 bouffées – l’équivalent d’environ deux paquets de cigarettes – et 5 000 bouffées par dispositif », note le rapport du CNCT.
Est-ce dangereux pour la santé ?
La grande majorité des marques de « puff » contiennent « jusqu’à 20mg/ml de sels de nicotine ». Certaines, produites hors de l’Union européenne, « peuvent contenir jusqu’à 50mg/ml », observe le CNCT. Ces sels de nicotine sont loin d’être neutres pour la santé. « L’utilisation de la puff, qui contient des sels de nicotine, augmente les risques de développer une inflammation des voies respiratoires », alerte un collectif de médecins, tabacologues et défenseurs de l’environnement, dans une tribune publiée par Le Monde en avril.
Selon ce collectif, la concentration de nicotine dans ces cigarettes électroniques jetables « est suffisamment élevé pour créer une forte dépendance et peut constituer une porte d’entrée vers le tabagisme ». En plus des dangers immédiats sur la santé, les « puffs » jetables, faites de plastique et contenant une batterie au lithium non recyclable, contribuent également aux problèmes de pollution et de réchauffement climatique.
Pourquoi la consommation de la « puff » par les mineurs inquiète-t-elle ?
Outre l’addiction liée à la nicotine et les dangers associés pour la santé, les autorités sanitaires s’alarment de voir des adolescents et préadolescents acquérir l’habitude de fumer. « L’addiction, ce sont également des habitudes, un cérémonial d’achat : aller acheter son produit, aller le buraliste, déballer, porter aux lèvres… », explique Loïc Josserand, président de l’Alliance contre le tabac. « C’est une épidémie pédiatrique », alerte le médecin spécial en santé publique.
La consommation de tabac est certes de moins en moins courante chez les jeunes, mais l’usage de la cigarette électronique augmente au sein de cette population. Entre 2017 et 2022, l’expérimentation est passée de 52,4% à 56,9% chez les ados de 17 ans. L’usage quotidien a même triplé, progressant de 1,9% à 6,2%, selon la dernière enquête en date, publiée en mars par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives.
Or la « puff » apparaît comme une porte d’entrée. En juillet 2022, 13% des adolescents de 13-16 ans avait déjà essayé la « puff » et « 28 % d’entre eux ont commencé leur initiation à la nicotine à travers ce produit, et 17% d’entre eux se sont ensuite tournés vers une autre forme de produit de la nicotine ou du tabac », selon un sondage réalisé pour l’association Alliance contre le tabac.
La « puff » s’affiche notamment sur les réseaux sociaux fréquentés par les adolescents. Des vidéos en faisant la promotion cumulent des centaines de milliers de vues. Les tabacologues y voient la preuve d’un marketing tourné vers un jeune public. « Clairement, les fabricants de puff ciblent les jeunes », dénonçait en octobre 2022 Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme.