Dans la nuit du 29 au 30 juin de l’année dernière, Montargis, une petite ville paisible du Loiret, a été le théâtre d’émeutes violentes suite à la mort tragique de Nahel, un jeune homme abattu par un policier à Nanterre. La ville a été marquée par des actes de vandalisme sans précédent, avec la mairie endommagée et une soixantaine de commerces pillés. Un an après ces événements, les habitants et les commerçants de Montargis restent profondément marqués.
L’immeuble qui abritait la pharmacie, au début de la principale artère commerçante de Montargis, n’a toujours pas été remplacé. Alexandra, une habitante, passe devant chaque jour et exprime son désarroi : « Ça fait bizarre d’avoir encore un vide à ce niveau-là alors qu’initialement, il y avait deux bâtiments », dit-elle. Les dégâts sont encore visibles, malgré les efforts pour soutenir les structures endommagées avec des pans de bois.
« On devrait avoir des constructions neuves ces prochaines années… Mais c’était très violent et traumatisant ! Il y avait des feux partout et des vitrines cassées dans cette rue Dorée, » se rappelle-t-elle.
Pour les commerçants de Montargis, la reprise est lente et incertaine. Marlène, qui gère une boutique de prêt-à-porter, déplore le manque de clients.
J’ai encore des gens qui, quasiment un an après, ne veulent pas revenir dans le centre à cause des émeutes. Ils ont une appréhension depuis, un traumatisme alors qu’en soi nous avons une ville assez tranquille
reconnaît-elle.
Elle espère néanmoins une amélioration future :
Cela va prendre du temps, mais on espère que les gens reviendront, que la fréquentation repartira à la hausse. Heureusement l’agglomération nous aide beaucoup. Les assurances, elles, ont pour la plupart joué le jeu.
Cependant, le sentiment de sécurité des habitants reste fragile. Une autre Montargoise confie éviter de sortir le soir depuis les émeutes. « Je vois très peu de changement depuis les émeutes, » déclare-t-elle. « Mais ce n’est pas propre à Montargis ! C’est partout en France… Il y a des endroits où je ne vais pas avec les enfants, pas après une certaine heure. » Elle exprime sa crainte que de tels événements puissent se reproduire.
🔴 “Le soir des émeutes, j’ai chassé des émeutiers de chez moi.”
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) November 30, 2023
Une nuit de révolte a secoué Montargis le 29 juin dernier, certains émeutiers ont pénétré chez ce chef d’entreprise.
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Pour Benoit Digeon, maire Les Républicains de Montargis, il est important de restaurer la confiance en la police et la justice.
Il y a de nombreux voyous qui ont cassé et qui ont été mis en prison. D’autres qui sont interdits de séjour à Montargis. Certains ont été éloignés, d’autres sont surveillés. Puis, en ce qui nous concerne, on est très vigilant !
assure-t-il.
Benoît Digeon insiste sur le fait que la justice suit son cours, malgré sa lenteur. « L’affaire judiciaire n’est pas finie. La justice est lente, on manque de personnel et il faut établir les faits, les preuves, mais la justice n’oublie pas ! » conclut-il, ajoutant que 200 jeunes sont encore « traqués ».
Un an après les émeutes, Montargis tente de se reconstruire et de retrouver sa tranquillité. Les blessures sont encore vives, mais les efforts de la communauté et des autorités locales montrent une volonté collective de se tourner vers l’avenir. Les habitants et les commerçants espèrent que la ville pourra bientôt redevenir le havre de paix qu’elle a toujours été, malgré les défis qui subsistent.