Les syndicats ont appelé les Français à manifester, ce mardi 6 juin, contre la réforme des retraites. Cette 14e journée de mobilisation intervient deux jours avant le débat à l’Assemblée nationale autour de l’abrogation de la retraite à 64 ans. Près de 600.000 personnes sont attendues dans les rues.
Une 14e journée de manifestation. Alors que la réforme des retraites a été promulguée le 15 avril dernier, et que la proposition d’abrogation du recul de l’âge légal de départ à 64 ans, déposée par le groupe centriste Liot, a été rejetée en commission, les opposants à la réforme n’ont pas dit leur dernier mot. Les syndicats ont ainsi appelé, ce mardi 6 juin, à une ultime journée de mobilisation nationale pour mettre la pression sur l’exécutif.
Si la mobilisation record du 7 mars dernier avait réuni environ 1,28 million de personnes selon le ministère de l’Intérieur, ce sont, cette fois-ci, pas moins de 600.000 personnes qui sont attendues pour battre le pavé sur l’ensemble du territoire.
Selon les autorités, 250 actions sont prévues à travers le pays, avec notamment une manifestation au départ des Invalides à Paris aux alentours de 14h, qui pourrait rassembler entre 40.000 et 70.000 personnes.
11.000 policiers et gendarmes déployés
Pour assurer la sécurité de cette journée de mobilisation, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé ce dimanche le déploiement de 11.000 policiers et gendarmes sur le territoire, dont 4.000 rien qu’à Paris. De leur côté, les services de renseignement anticipent la présence de «membres de l’ultra gauche», dont certains «venus de l’étranger», au sein du cortège. Gérald Darmanin a ainsi fait savoir que «17 interdictions administratives du territoire ont déjà été prises» dans ce cadre.
Des drones de la police pourront aussi être utilisés pour surveiller la manifestation parisienne, selon un arrêté publié ce week-end par la préfecture de police. D’autres villes, à l’image de Clermont-Ferrand, prévoient également d’en faire usage.
Peu de perturbations dans les transports
Malgré cette 14e journée de mobilisation, et un appel à la grève lancé par les syndicats, les transports, RATP comme SNCF, ne devraient pas être très perturbés. Du côté de la SNCF, le trafic sera «très légèrement perturbé» avec une moyenne nationale de 9 trains sur 10 en circulation. Du côté de la RATP en Île-de-France, le trafic sera «normal» sur l’ensemble des lignes.
En revanche des perturbations sont à prévoir dans le secteur du transport aérien. La direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols d’un tiers sur l’aéroport de Paris-Orly et de 20% sur ceux de Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Nice et Toulouse. Aucune perturbation n’est à prévoir au niveau de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle.
La dernière journée de mobilisation ?
«J’appelle tout le monde à descendre dans la rue», a appelé la patronne de la CGT, Sophie Binet, dans le Journal du Dimanche. Si cette mobilisation ne devrait pas rassembler autant de monde que les précédentes, elle est néanmoins soutenue par 57% des Français, selon un sondage paru dans le JDD. Pourtant, malgré un soutien affiché, il pourrait s’agir de la toute dernière manifestation contre la réforme.
En effet, le 8 juin, si les discussions autour de l’abrogation de la réforme des retraites ne débouchent pas sur un vote, comme l’envisagent les députés de la majorité, qui n’hésiteront pas à utiliser l’article 40 de la Constitution, ou bien si, malgré un vote, l’union des députés LR et de la majorité conduit à un rejet définitif de la proposition de loi, il ne resterait que peu de recours pour l’opposition, qui pourrait ainsi devoir s’en remettre à son sort.
Toutefois rien n’est moins sûr, puisque le coordinateur de LFI et député des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, a d’ores et déjà annoncé sur CNews que son parti comptait saisir le Conseil d’Etat, voire la Cour européenne de justice, en cas de non-vote, pour statuer sur ce qu’il définit comme un «braquage démocratique».
Un avis partagé par d’autres personnalités politiques, notamment à gauche, comme la députée EELV Sandrine Rousseau qui a estimé que «la défaite n’est pas actée» ou encore Jean-Luc Mélenchon qui a émis le souhait que la bataille des retraites «ne cesse jamais».