Une enquête du Congrès américain met en évidence de nouvelles révélations sur la gestion initiale de l’épidémie de Covid-19 par la Chine. Selon les conclusions publiées le 17 janvier 2024 par la Commission d’énergie et de commerce, des chercheurs chinois auraient tenté de mettre en ligne la séquence génétique du coronavirus bien avant que le gouvernement chinois ne la révèle officiellement à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’enquête met en exergue des agissements suspects. Le média chinois Caixin Global avait signalé que des chercheurs d’un laboratoire privé à Canton avaient séquencé le coronavirus à partir d’échantillons prélevés sur un livreur travaillant au marché de Wuhan dès le 27 décembre 2019. Des échantillons auraient été envoyés à plusieurs laboratoires de séquençage, dont celui de Canton.
Trois jours plus tard, le 30 décembre, l’ophtalmologue Li Wenliang avait alerté sur les réseaux sociaux que des personnes infectées par un coronavirus au marché de Wuhan avaient été admises à son hôpital. Malheureusement, ses avertissements ont été ignorés, et il a été puni par les autorités chinoises avant de succomber au Covid quelques semaines plus tard.
Malgré ces signaux d’alarme, les autorités chinoises parlaient encore d’une maladie infectieuse non identifiée. Mais à partir du 3 janvier 2020, la Commission de santé aurait interdit toute publication de résultats de séquençage du nouveau virus, selon des sources chinoises.
L’enquête du Congrès révèle que la séquence génétique du coronavirus avait été mise en ligne sur le site GenBank le 28 décembre 2019 par la virologue chinoise Lili Ren de l’Institut de biologie des pathogènes à l’Académie des sciences médicales à Pékin. Cependant, la soumission était incomplète, et malgré les tentatives de GenBank pour obtenir les informations manquantes, la chercheuse n’a pas répondu, conduisant à la suppression de la séquence deux semaines plus tard.
La revue Science a tenté de contacter Lili Ren pour comprendre son manque de réaction, mais la chercheuse n’a pas répondu. Selon des experts, l’interdiction imposée par la Commission de santé chinoise pourrait expliquer ce silence.
Edward Holmes, l’un des chercheurs à l’origine de la première séquence connue du virus, a confirmé que leur équipe avait dû briser cette interdiction pour mettre en ligne leur séquence le 10 janvier 2020, deux semaines après la tentative avortée de la virologue.
La séquence supprimée de la chercheuse a finalement été rendue publique en mai 2020. Cette révélation soulève des questions sur une opportunité manquée dans la lutte mondiale contre le Covid-19.
Si la séquence avait été publiée dès sa tentative initiale, le monde aurait peut-être gagné deux précieuses semaines dans la course contre le virus, offrant ainsi une chance supplémentaire de sauver des vies et de mieux préparer les systèmes de santé mondiaux face à la pandémie.