Une étude récemment publiée par la Défenseure des droits met en lumière les perspectives et expériences des policiers et gendarmes français dans l’exercice de leurs missions et leur interaction avec les citoyens. Cette analyse approfondie a été confiée au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), qui ont interrogé 976 gendarmes et 655 policiers dans sept départements, entre juin 2022 et mars 2023.
Les résultats montrent que dans l’ensemble, les policiers (62,4%) et les gendarmes (69%) sont satisfaits de leur poste. Une confiance générale envers leurs supérieurs directs est également observée. Cependant, l’étude souligne que malgré les remerciements fréquents lors des interventions (73,2% chez les policiers et 69,7% chez les gendarmes), les insultes et agressions verbales demeurent une réalité, touchant 15% des répondants trois fois ou plus par mois.
Bien que les forces de l’ordre estiment que l’opinion publique envers la police est généralement positive, une faible confiance envers la population ressort de l’étude. Seuls 23,8% des policiers et 34,3% des gendarmes pensent que l’on peut globalement faire confiance aux Français pour se comporter correctement. De plus, bien que favorables aux échanges avec les habitants (85,8%), ils sont moins enclins à expliquer et justifier leurs actions (47,3% en désaccord).
L’étude met en évidence que la moitié des sondés estime que leur mission première est d’arrêter les délinquants et de faire respecter la loi. Cette vision prévaut largement sur le secours aux personnes en danger ou la protection des institutions républicaines. Les participants jugent que la délinquance est principalement due à la tolérance de la justice (43,5%), plus que la démission des parents (22,3%) ou la détérioration économique et sociale (19,4%).
Face au « dilemme de Dirty Harry », les répondants se prononcent sur l’usage de la force. 54,2% des gendarmes et 69,1% des policiers estiment que dans certains cas, l’usage de plus de force que prévu par les règles devrait être toléré. Cependant, plus de la moitié estime que mener à bien une mission est prioritaire par rapport au respect du règlement, avec une position plus marquée chez les policiers.
Les contrôles d’identité, pratiqués de manière significative, suscitent des opinions mitigées. 60% des répondants estiment qu’ils sont efficaces, tandis que 40% pensent le contraire, avec une réserve plus marquée chez les policiers. La Défenseure des droits préconise un dispositif d’évaluation pour comprendre leur impact sur les relations entre forces de l’ordre et population. En ce qui concerne les contrôles de l’action des agents, les gendarmes manifestent une légitimité plus ancrée que les policiers.
Enfin, l’étude souligne que plus de 45% des policiers et gendarmes estiment être insuffisamment formés en matière de droits des citoyens et de règles de déontologie.
Cette analyse approfondie offre un aperçu nuancé des perceptions des forces de l’ordre, soulignant la complexité de leur mission et les défis auxquels ils sont confrontés dans l’exercice quotidien de leurs fonctions.