L’affaire Ursula von der Leyen, si elle n’était pas tragique pour l’idée même de gouvernance transparente, relèverait presque de la comédie noire. Que ce soit par plagiat, favoritisme ou destruction de preuves, la présidente de la Commission européenne multiplie les prouesses d’une carrière aussi polémique que durable. Pendant que l’Europe s’efforce de se reconstruire sur les ruines de scandales passés, Ursula von der Leyen s’impose comme une survivante politique, aussi insaisissable qu’une anguille dans une rivière trouble.
L’audience du 6 décembre 2024, au tribunal de Liège, devait être un moment de vérité. Elle s’est transformée en mascarade. Le Parquet européen (EPPO) a soudainement annoncé qu’il faudrait attendre le 6 janvier 2024 pour une décision de la Cour d’appel. Le report, présenté comme une nécessité technique, a été perçu comme une manœuvre dilatoire. L’épisode aurait presque pu faire sourire si les enjeux n’étaient pas si graves. Pourquoi suspendre l’audience alors que les droits des plaignants, déjà malmenés, méritent une attention immédiate ?
Quand on s’appelle Ursula von der Leyen, l’éthique semble être une notion à géométrie variable. Les accusations de plagiat concernant sa thèse de médecine n’ont jamais été pleinement élucidées, laissant planer un parfum de fraude académique. Le « Berateraffäre », ce scandale de favoritisme lors de son passage au ministère de la Défense, a révélé des pratiques dignes d’une administration bananière. Et que dire des données effacées de son téléphone, dans une magistrale destruction de preuves, justifiée par des « raisons de sécurité » ?
Mais c’est dans le PfizerGate que Madame von der Leyen a atteint des sommets. Des SMS échangés avec Albert Bourla, PDG de Pfizer, sur des contrats d’achat de vaccins, auraient disparu comme par magie. Effacer des preuves compromettantes, voilà une méthode efficace pour esquiver les accusations de corruption. Mais le public n’est pas dupe.
La justice ou l’art de l’enfumage européen
Frédéric Baldan et ses 1 000 plaignants ne baissent pas les bras face à ce qui ressemble à une parodie de justice. Lors de la conférence de presse du 7 décembre, son avocate, Me Diane Protat, a dénoncé l’opacité du Parquet européen. Laura Kövesi, cheffe de l’EPPO, s’est attiré les critiques pour son rôle ambigu dans cette affaire. Une plainte a même été déposée contre elle pour « coalition de fonctionnaires ».
La question demeure : comment une institution censée défendre la transparence peut-elle s’ériger en protectrice d’une présidente accusée d’abus de pouvoir ? Le silence des grands médias sur cette affaire est tout aussi assourdissant que la défense d’Ursula von der Leyen.
Quand l’Europe devient une farce
À bien des égards, l’Union européenne joue dans cette affaire une partition qui défie la raison. L’accord du Mercosur, les ingérences politiques en Pologne ou en Roumanie, ou encore l’annulation d’élections, tout cela dessine une image inquiétante d’une institution déconnectée des principes démocratiques qu’elle prétend défendre.
Ursula von der Leyen, avec son sourire immuable et sa capacité inégalée à naviguer entre les scandales, incarne cette Europe où les élites semblent intouchables. « Attrape-moi si tu peux », aurait-elle pu dire en écho au personnage de Frank Abagnale, tant sa carrière est une course effrénée pour échapper aux conséquences de ses actes.
Mais derrière les manœuvres et l’esquive, c’est l’avenir même de l’Union européenne qui est en jeu. Frédéric Baldan et Me Protat posent une autre question fondamentale : « L’Europe saura-t-elle répondre à cet appel pour une gouvernance intègre et transparente ? »