Depuis une vingtaine d’années, des experts militent pour la création d’un équivalent aux organismes intergouvernementaux du climat (GIEC) et de la biodiversité (IPBES), cette fois dédié à la pollution chimique. Un groupe de travail se réunit actuellement en Suisse pour tenter de surmonter les obstacles persistants et établir cette nouvelle instance.
La pollution chimique est une menace silencieuse mais dévastatrice. Définie comme le rejet de produits d’origine industrielle et domestique, elle englobe une gamme immense de substances. Selon le «Chemical Abstracts Service» (CAS), depuis les années 1800, 219 millions de références chimiques ont été enregistrées. Parmi les 40.000 à 60.000 produits chimiques industriels commercialisés, 6.000 d’entre eux représentent plus de 99% du volume total.
L’ONU classe la pollution chimique comme la troisième crise environnementale mondiale, aux côtés du réchauffement climatique et du déclin de la biodiversité. Les effets sur la santé humaine sont alarmants : troubles cognitifs, infertilité, problèmes cardio-respiratoires, et déficit immunitaire ne sont que quelques-unes des conséquences des polluants chimiques.
Selon un rapport de la Commission Lancet, la pollution de l’air, de l’eau et du sol cause environ 9 millions de décès prématurés chaque année, avec 92% de ces morts touchant les pays à faible et moyen revenus.
En décembre 2023, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a révélé que près de 20% des 2.400 produits contrôlés dans 26 pays de l’Union européenne ne respectent pas les réglementations en vigueur. Cette situation illustre le manque de considération et de contrôle autour de la pollution chimique.
Lucien Chabason, conseiller à l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (Iddri), souligne que la mise en place de ce projet est entravée par des conflits d’intérêts. « Il s’agit désormais de se mettre d’accord sur la mécanique à mettre en place », déclare-t-il. L’industrie chimique, avec son rôle clé et son expertise, exerce une influence considérable qui peut freiner le processus.
Le groupe de travail, constitué de représentants politiques, d’entreprises et de parties civiles de plus de 100 pays, espère voir la création de ce « GIEC de la chimie » d’ici la fin de l’année 2024. Si le projet aboutit, cette nouvelle instance pourrait jouer un rôle crucial dans la régulation et la réduction de la pollution chimique mondiale, améliorant ainsi la santé et la qualité de vie de millions de personnes.
En attendant, les experts continuent de se battre pour surmonter les obstacles et espèrent que ce nouvel organisme verra le jour, apportant une lueur d’espoir dans la lutte contre la pollution chimique.
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