Dans une annonce qui suscite déjà des débats passionnés, le président français Emmanuel Macron a dévoilé dimanche son intention de présenter un projet de loi ouvrant la voie à une « aide à mourir » dans des conditions strictes. Cette déclaration intervient suite à un entretien accordé aux quotidiens La Croix et Libération.
Selon le chef de l’État, le projet de loi sera soumis au Conseil des ministres en avril, en vue d’une première lecture à l’Assemblée nationale en mai. Les principales conditions énoncées par Emmanuel Macron incluent la nécessité pour les patients majeurs d’être « capables d’un discernement plein et entier », atteints d’une « maladie incurable » avec un « pronostic vital engagé à court ou moyen terme », et faisant face à des souffrances « réfractaires » qui ne peuvent être soulagées.
Si l’équipe médicale émet un avis favorable de manière collégiale, une substance létale sera prescrite au patient, qui pourra l’administrer lui-même ou avec l’aide d’un tiers. Ce tiers peut être une personne volontaire désignée par le patient, un professionnel de santé accompagnant la personne, ou toute personne volontaire, à condition qu’aucune contrainte technique ne s’y oppose.
Emmanuel Macron a souligné qu’après la demande initiale du patient, un délai minimal de deux jours sera observé pour évaluer la solidité de sa détermination. La réponse définitive de l’équipe médicale doit être donnée dans un délai maximal de quinze jours. En cas d’avis favorable, la prescription reste valable pendant trois mois, durant lesquels le patient peut se rétracter à tout moment.
Bien que cette initiative puisse être interprétée comme une forme de suicide assisté, le président a évité délibérément ces termes, insistant sur le fait que le « consentement » du patient est essentiel et que la décision médicale est basée sur des critères précis.
En parallèle, Emmanuel Macron a annoncé une stratégie décennale pour renforcer les soins palliatifs, avec un investissement supplémentaire d’un milliard d’euros sur dix ans, en plus des 1,6 milliard déjà alloués aux soins d’accompagnement. Cette stratégie comprend la création d’une unité de soins palliatifs dans chacun des 21 départements qui en sont actuellement dépourvus.
Cependant, le président reconnaît que malgré les efforts déployés, la loi ne pourra pas être « totalement » consensuelle. Pour favoriser un débat parlementaire approfondi, aucune procédure accélérée ne sera mise en place.
Emmanuel Macron conclut l’entretien en révélant avoir personnellement rédigé ses propres « directives anticipées » sur les soins qu’il souhaite, ou non, recevoir en fin de vie. Cette annonce marque une étape significative dans le débat sur la fin de vie en France et promet d’alimenter des discussions intenses au sein de la société et du Parlement.